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70e anniversaire du Comité d’action pour les États-Unis d’Europe de Monnet – Il est temps d’inventer de nouvelles formes d’action collective !



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Il y a exactement 70 ans, le 13 octobre 1955, Jean Monnet créait son Comité d’action pour les États-Unis d’Europe. Le projet de Communauté européenne de défense venait d’être rejeté par le Parlement français, un événement qui avait profondément ébranlé la confiance des forces pro-européennes. Monnet était convaincu qu’il serait plus efficace de poursuivre son combat pour l’Europe « de l’extérieur » plutôt qu’en tant que président de la Haute Autorité de la Communauté européenne du charbon et de l’acier.

Ayant constaté, en tant que responsable du plan de modernisation français, la force que représentait le rassemblement des syndicats et des partis politiques autour d’un programme commun, Monnet pensait que les mêmes principes pouvaient être appliqués à la construction européenne. « Le Comité, expliquait-il, permettra d’assurer l’unité d’action entre les organisations membres afin d’atteindre, par des réalisations concrètes et successives, les États-Unis d’Europe. » Le mot « fédéral » avait été intentionnellement omis, car Monnet ne voulait pas se lier à une solution institutionnelle prédéterminée. La référence aux « États-Unis » visait davantage à exprimer l’objectif de faire de l’Europe un véritable équivalent des États-Unis d’Amérique.

Au sommet de son prestige politique, Monnet parvint à rallier à son comité tous les partis politiques progressistes et pro-européens ainsi que les syndicats ouvriers non communistes, représentant 65 % de l’électorat des six États membres. Dans un spectaculaire élan d’unité qui ferait aujourd’hui rêver bien des responsables politiques, des dirigeants de partis et de syndicats, pourtant adversaires sur la scène nationale, se réunissaient au sein du Comité et adoptaient des positions communes sur l’Europe, transcendant ainsi les clivages partisans traditionnels. Ils soutenaient ensuite ces résolutions avec force auprès de leurs gouvernements respectifs et de l’opinion publique.

La puissance d’influence de ce formidable lobby résidait dans la crédibilité politique des partis et des syndicats, mais aussi dans le réseau personnel et le prestige de Jean Monnet. Entre 1955 et 1975, il joua un rôle important, parfois décisif, dans l’avancement du projet européen : Euratom, le Marché commun, l’union monétaire et fiscale, l’union politique, l’adhésion du Royaume-Uni, la création du Conseil européen (réunissant les chefs de gouvernement), ou encore l’élection du Parlement européen au suffrage universel figurent parmi les grands projets initiés ou soutenus par le Comité d’action de Monnet.

Le 9 mai 1975, exactement 25 ans jour pour jour après la Déclaration Schuman, Monnet mit fin à l’existence de son Comité d’action. Il avait alors 87 ans et estimait qu’il était temps de laisser une nouvelle génération de responsables politiques porter le projet européen. Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, qui s’étaient rencontrés au sein du Comité de Monnet, étaient désormais au pouvoir. Monnet choisit de se consacrer à la rédaction de ses Mémoires afin de transmettre les enseignements de son action aux générations futures.

Le succès du Comité d’action de Monnet tenait à sa capacité à mobiliser les acteurs clés de la vie nationale autour du projet européen. Aujourd’hui, notre défi est d’inventer de nouvelles formes d’action et de nouveaux instruments de mobilisation capables de rassembler et d’impliquer une large communauté d’acteurs et de citoyens autour de notre projet commun.

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